En amont des écluses, la Meuse alimente le canal Albert via le pont-barrage de Monsin. Le simple abaissement du niveau de l’eau n’était pas suffisant : un déséquilibre hydraulique pouvait compromettre la sécurité des navires passant par le canal Albert et mettre en danger la vie aquatique du fleuve, surtout en été lorsqu’il est peu profond. Il était donc impératif que le niveau de l’eau puisse être manipulé à tout moment. Huit pompes (de 10 t chacune) d’une puissance combinée de 4.500 kW ont permis de transférer 61.200 m³ d’eau par heure de la Meuse vers le canal Albert. Elles sont reliées à une station de pompage à la pointe du progrès qui tire pleinement parti d’une différence de niveau dans l’éventualité d’un excédent d’eau générant un surplus de courant exploitable. En cas de pluies prolongées, l’énergie irrépressible de l’eau suivant son cours normal (vers le bas) est recueillie par cinq puissantes turbines produisant un total de 2,3 MW, ce qui représente une grande quantité d‘énergie verte emmagasinée.
Les travaux ont mis fin au « goulet d’étranglement de Lanaye », qui engorgea longtemps les transports fluviaux dans l’Eurégion Meuse-Rhin. Contrairement à ses voisines plus petites, affectées à la navigation récréative et au commerce léger, l’écluse 4 est le carrefour obligatoire entre les voies navigables belgo-françaises et les couloirs de navigation vers l’arrière-pays européen. Elle offre donc une plate-forme de premier ordre pour le transport international de conteneurs jusqu’à 9.000 t (l’équivalent de 430 camions). L’écluse a été officiellement inaugurée par Philippe 1er, Roi des Belges, le 13 novembre 2015.
L’écluse proprement dite est constituée d’un radier renforcé, de murs en béton de 3 m d’épaisseur, d’imposants aqueducs latéraux (dont la section mesure 6 x 6 m) et d’un système de drainage déployé sur l’ensemble du complexe. En plus des travaux de démolition, de battage et de reconstruction nécessaires autour du site, BESIX a également réalisé une station de pompage et une centrale hydroélectrique à la pointe du progrès, un pont de 200 m au-dessus du canal, un centre de contrôle et plusieurs kilomètres de murs de quai et de routes.
L’équipe a installé une centrale de dosage sur site et s’est approvisionnée en ciment auprès d’un fournisseur proche afin de réduire l’empreinte carbone du projet. L’acte de RSE le plus inspiré fut néanmoins la décision dûment fondée d’extraire le gravier de la Meuse via les travaux gigantesques d’excavation (1,3 million m³) et de le réutiliser comme agrégat primaire pour le béton des écluses. Cette opération a exigé un véritable tour de force logistique (mise au point des activités de phasage et de remblai, etc.), mais l’équipe a relevé le défi et coulé pas moins de 200.000 m³ de béton à base de gravier recyclé. Ce brainstorming a réduit de 55.000 tonnes les émissions de CO2 !
BESIX est également parvenu à atténuer l’impact considérable du projet sur le flux ininterrompu de trafic au niveau des voies fluviales et des routes avoisinantes. Le défi principal résidait toutefois dans l’installation du nouveau (et remarquable) pont au-dessus du canal, sans interférences excessives avec les activités de construction dans l’écluse. Les 1.000 t de structure métallique ont été placées en janvier 2013 pour permettre la réalisation du tablier en béton avec deux coffrages mobiles, ainsi que la construction des infrastructures requises en vue d’une mise en service de ce nouveau pont pour Noël 2013, tout en maintenant l’activité de construction en contrebas pendant 2 années supplémentaires.
Ce projet se situe au cœur d’une zone Natura 2000 protégée, et sa faune (des oiseaux aux moules) ainsi que sa flore (orchidées rares et arbres pour abattage saisonnier) locales exigeaient une approche extrêmement prudente. Non content de respecter les réglementations environnementales strictes, BESIX a aussi créé de nouvelles zones de frai et berges naturelles le long du village de Lanaye afin de compenser l’impact du projet sur la faune et la flore locales, enrichissant ainsi son palmarès RSE.